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Sans perdre un instant, toutes deux installent, chacune de son côté, leurs deux métiers et y tendent les fils déliés de la chaîne Les montants du métier sont reliés par la traverse; un roseau maintient séparés les fils de la chaîne . Entre eux, au moyen des navettes aigües, s'insinue, sous l'impulsion de leurs doigts agiles, le fil de la trame qu'une fois introduit dans la chaîne serrent à petits coups de dents découpées du peigne qui les frappent . Toutes deux travaillent vite et, les manches de leur robe retroussées jusqu'à la poitrine, font mouvoir leurs mains savantes avec une application qui leur fait oublier la fatigue. Dans le tissu entrent la pourpre sortie des cuves de bronze tyriennes et des tons plus foncés que séparent de légères nuances; tel, l'arc qui, au choc de la pluie et des rayons du soleil, dessine sa courbe immense et diaprée dans le ciel: alors que mille couleurs différentes y brillent, la transition elle- même entre elles échappent cependant à l'oeil, qui contemple ce spectacle, tant, au point de contact, elles se confondent; et pourtant, entre les plus éloignées, grande est la différence. Il s'y mêle, aux fils, l'or flexible; et, sur la toile, se déroule la représentation d'antiques histoires .
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Livre sixième des Métamorphoses d'Ovide, pages 156 et 157 aux Editions G-F Flammarion 1992