extrait
V, les jeunes rêveurs
les jeunes rêveurs ont mille ans/ rien ne vient interrompre
leur joyeuse course dans les plus hautes montagnes
ou leur nage dans les plus profonds océans
rien ne les effraie
tout est avec eux
ils n'ont rien
derrière eux
ni la pluie ni la mort ni le vent/
sur le drap leurs mains agrippent la jeunesse avec vigueur
ils n'ont pas le temps de savoir quand ils vont mourir
/tout à l'heure/
et dans la nuit courent biches faons et chiens blancs
leur peau parfumée n'est pas un vieux parchemin
rien n'y est inscrit que la joie d'être des vivants
ils pénètrent dans la mer
parcourent les collines
sans la moindre fatigue
dans la jeunesse des rêves où ils sont les pionniers
d'un monde qui se fait avec eux et n'est pas ruiné
comme l'est celui de leurs survivants
assis à côté de leur lit
qui les regardent rêver
Sylvie Durbec " Le paradis de l'oiseleur " Editeur : AL Manar
Alain Gorius
Dessins de Guy Calamusa