(…)
Viens, très solennelle,
très solennelle et pleine
d'une secrète envie de sanglots,
peut-être parce que l'âme est grande et petite la vie,
que tous les gestes sont prisonniers de notre corps,
que nous n'atteignons rien au-delà de la portée de notre bras
et que nous ne voyons que dans le champs de notre regard.
Viens, douloureuse ,
Mater- Dolorosa des Angoisses des Timides,
Turris-Eburnea des Tristesses des Méprisés,
main fraîche au front fiévreux des Humbles,
saveur d'eau sur les lèvres sèches des Fatigués.
Viens, du fond là-bas
de l'horizon livide, viens et arrache-moi
du sol d'angoisse et d'inutilité
où je verdoie
feuille à feuille lis en moi je ne sais quelle bonne aventure
Et effeuille- moi pour ton plaisir,
pour ton plaisir silencieux et frais .
(… )
nrf Poésie/Gallimard 1987 Pages 169 et 170
( autour d'un travail de dessins et peintures sur la thématique de Javier de la Luna