(...)
Ce n'est pas parce les détails sont réalistes que le leu pictural , lui , sera " naturel ". Le lieu, pictural peut bien se donner comme espace feint - un espace qui fait semblant de n'être pas peint : c'est le fantasme du tableau-fenêtre ouvrant sur le monde-, il n'en sera pas moins, et pour toujours, une fiction refermée sur elle- même, sur son propre monde de signes, c'est-à-dire un lieu qui, à quelque moment, immanquablement, montrera qu'il est peint, qu'il n'est que de la peinture, ce n'est pas ce que signifie le monde, c'est ce que signifie la peinture elle-même, et comment elle le signifiera. On pourrait dire, à la limite, que le monde constitue le principal obstacle - au sens d'un obstacle épistémologique- pour regarder la peinture.
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Editions Flammarion Champs arts